J'ai fait un morceau avec mes potes, comment on fait le split ?

Temps de lecture : 6 min

Entre potes et collaborateurs, en musique la frontière est souvent floue, surtout quand on débute. Tandis que créer à plusieurs est une jolie expérience qui réunit plusieurs talents complémentaires, c’est aussi une aventure professionnelle. Que tu fasses partie d’un groupe ou que tu te lances dans un featuring, c’est-à-dire une collaboration sur un morceau, il est donc important de discuter business avec tes amis. 

Qui dit business dit argent, donc la base est de définir qui fait quoi pour toucher combien. Ces conversations peuvent paraître pénibles, cependant elles sont nécessaires pour éviter toute embrouille. Pour te permettre de faire un morceau à plusieurs en toute détente, on t’explique quels rôles chacun peut avoir, comment définir le split aka la répartition des revenus et qui touche quels droits musicaux. Prêt ? Let’s jam.

Quels rôles adoptent les collaborateurs du morceau ?

Il existe une multitude de rôles dans la création musicale, on t’en rappelle les 2 grandes familles. À la lecture, tu peux garder en tête que chacun peut cumuler plusieurs rôles à travers les 2 et que chaque rôle peut être porté par plusieurs personnes.

La famille composition originale

Généralement, un morceau prend d’abord la forme d’une composition et éventuellement de paroles. Les personnes qui gèrent ça sont les auteurs-compositeurs/autrices-compositrices et elles sont protégées et rémunérées par les droits d’auteur. Si tu participes aux paroles ou à la partition, tu en fais partie. C’est par exemple le cas des beatmakers, ou encore des personnes qui repassent sur la composition (arrangeurs et arrangeuses) et qui revoient les paroles (adaptateurs et adaptatrices).

Une fois qu’elles souhaitent commercialiser leur œuvre, il arrive qu’elles aient recours à des éditeurs/éditrices, dont la mission est de proposer à des tiers d’interpréter l’œuvre originale. Cette collaboration est formalisée par un contrat de cession et d’édition qui indique la répartition des droits d’auteur entre les deux parties. 

La famille interprétation

Ensuite, l’œuvre prend corps quand le morceau est interprété, c’est-à-dire joué et chanté, le tout enregistré. Les gens qui s’occupent de cette partie sont les artistes-interprètes et ils sont protégés et rémunérés par les droits voisins aka royalties. Si tu participes au chant, au chœur ou joues d’un instrument, c’est ta team. Pour visualiser, il suffit de considérer les personnes sur scène lors d’un concert (non, pas les danseurs, mais t’as compris le principe). 

De ce côté, c’est l’éventuel producteur ou productrice qui gère les financements, notamment en mettant à dispo un studio d’enregistrement. La collab entre les interprètes et le prod est soldée par un contrat d'enregistrement qui détermine la répartition des royalties entre tous.

Pour capter qui touche quel(s) droit(s), tu peux répartir les compétences de chaque personne qui contribue à un morceau à travers les étapes de création : d’un côté, celles qui participent à la partition et aux paroles protégées par le droit d’auteur - les auteurs/autrices, compositeurs/compositrices dont beatmakers, arrangeurs et arrangeuses, adaptateurs et adaptatrices- et de l’autre, celles qui interprètent cette compo, protégées par le droit voisin (royalties) - à la chanson, aux chœurs, et aux instruments. Il est possible de faire un peu de tout ou que plusieurs personnes travaillent à la même tâche.

  

Comment répartir les revenus entre nous ?

Le split dépend des situations. Déjà, si toi et tes potes avez recours à un éditeur ou une éditrice et/ou à un producteur ou une productrice, tout est déterminé dans vos contrats d’édition et d’enregistrement. Sinon, vous êtes autoproduits et c’est à discuter entre vous. Il est impossible de couvrir tous les cas de figure, donc pour t’aider on donne un exemple de chaque cas avec des chiffres à titre indicatif, tout de même glanés auprès de pros du secteur et que tu peux donc garder comme boussole. 

Les Labellos Fraises

Tu l’auras deviné, on commence par un groupe signé chez un label ! Les membres :

  • Kevin au chant et à l’écriture des paroles
  • Lié à l’écriture des paroles et au chœur
  • Sabrina au clavier et au beatmaking
  • Théo à la guitare, qui a aidé Sabrina à la compo

Ils signent un contrat d’artiste (aussi appelé enregistrement exclusif), qui inclut un contrat d’édition (ou de licence) et un contrat de distribution. Ils ont négocié, sur les bons conseils de La Guilde des Artistes musicaux, de toucher 15% des revenus générés par leur morceau. En échange des 85% restants, leur label finance leurs enregistrements, leur marketing, leur promotion, bref tout ce qui se passe en dehors de la création pour commercialiser leur musique.

Concrètement, ça veut dire qu’ils se répartissent les 15% restants à parts égales. Pourquoi ? Parce que chacun a un rôle au niveau des compos/paroles et au niveau de l’enregistrement.

À chaque situation son contrat d’artiste en label. Il est cependant important de retenir que les pros recommandent à tous, mêmes aux débutants, de négocier 15% des revenus générés par leur musique au moment de signer. 

Les Zinzins

On continue avec les indépendants et pour simplifier, les membres sont les mêmes que chez Les Labello Fraises, la subtilité étant qu’ils ne sont ici pas produits par un label et se débrouillent sans contrat d’édition. 

Kévin et Lié décident que Kévin touchent plus de droits d’auteur que Lié, parce qu’il a écrit le refrain tandis que Lié a plutôt un rôle d'adaptatrice. Sabrina se hisse au même niveau que Kévin, comme elle a tout créé from scratch avant que Théo ne peaufine ensuite. Kévin et Sabrina se partagent donc 80% des droits d’auteur grâce à leur implication dans l’écriture des paroles et de la composition, tandis que Lié et Théo ont chacun 10%. 

Pour les royalties, c’est plus simple : ils décident de se répartir l’argent de façon égale. Même si elle prend moins de place sur scène, Lié a mis à dispo son studio maison pour l’enregistrement et ça compte !

Ce que ça donne en chiffres, 6 mois après la sortie de leur morceau en streaming et après une tournée des festivals indé :

  • Droits d’auteur générés = 10 000 euros
  • 40% pour Kévin = 4 000 euros
  • 40% pour Sabrina = 4 000 euros
  • 10% pour Lié = 1 000 euros
  • 10% pour Théo = 1 000 euros
  • Droits voisins générés = 40 000 euros
  • 25% chacun = 10 000 euros par tête

Résultat des courses, Kévin et Sabrina empochent 14 000 euros chacun, puis Lié et Théo 11 000 euros respectivement.

C’est simple, en collab autoproduite, vous accordez vos violons sur qui fait quoi, ça vous donne qui touche quels droits, puis à partir de là vous répartissez les revenus par pourcentage. Ça peut varier selon l’implication de chacun s’il existe par exemple des différences en temps de travail et nombre de couplets versus refrains interprétés, ou encore en investissement financier dans le matériel.

Comment est-ce qu’on récupère nos parts ?

En streaming

Si tu es avec un label, il s’occupe des droits d’auteur et royalties et c’est lui qui te rémunère selon l’accord passé entre vous. 

En autoproduction tu peux faire comme les Zinzins et t’inscrire sur Bridger pour récupérer 90% de tes droits d’auteur (par comparaison, la Sacem garde 20%, puis répartit 80% auprès des personnes en charge de la compo, des paroles et de l’édition). Côté royalties, c’est à voir avec ton distrib digital, aka DistroKid pour les Zinzins, qu’ils apprécient parce que leur business model leur permet de conserver 100% de cette source de revenus en échange d’un abonnement mensuel. 

Le principe de ces services est très simple : afin de toucher les 2 droits, il suffit de s’inscrire en ligne sur chaque plateforme et d'indiquer les pourcentages, infos bancaires et adresses emails de chacun. Si tu veux tout savoir avant de le faire, tu peux check la démo de Distro et nous écrire.

À la télé, radio et dans les lieux publics

Pour récupérer les royalties issues des diffusions dans les lieux publics et à la tv ou radio, il faut s’inscrire à un OGC dédié aux artistes-interprètes. En France, 2 récupèrent la moitié des droits voisins collectés par la SPRE (Société pour une Rémunération Équitable) - l’ADAMI et la SPEDIDAM - puis versent à leurs adhérents selon le volume de diffusion de leur répertoire. L’autre moitié est versée aux prods à 2 OGC qui s’appellent la SCP et SPPF.

Pour récupérer les droits d’auteur, c’est à voir avec un OGC qui s’occupe des auteurs-compositeurs/autrices-compositrices comme la Sacem et dont il faut devenir adhérent. Il garde 20% du total collecté pour des initiatives nationales, puis répartit les 80% revenus qui restent, issus de ces canaux de diffusion, à parts égales entre les auteurs, compositeurs et éditeurs de leur répertoire selon leur succès, donc à peu près 33% par métier, ou alors 50-50 entre auteurs et compositeurs s’il n’y a pas d’éditeur.

La façon dont chacun récupère ses revenus dépend des canaux où votre morceau est diffusé. Pour récupérer les droits d’auteur en streaming, Bridger fait l’affaire. Pour les royalties en streaming, un distrib digital comme DistroKid ou TuneCore qui ne prend aucune commission est une bonne solution. Si votre morceau est joué dans des lieux publics ou à la tv et radio, il faut payer des frais d’adhésion à l’OGC dédié aux métiers d’artistes-interprètes d’une part (ADAMI et SPEDIDAM) et aux auteurs-compositeurs (Sacem) d’autre part.

De quoi dois-je me souvenir ?

Pour capter qui touche quel(s) droit(s) sur un morceau, tu peux répartir les compétences de chaque contributeur à travers les étapes de création. En label, à chaque situation son contrat d’artiste. En collab autoproduite, vous accordez vos violons sur qui fait quoi pour savoir qui touche quels droits, puis vous répartissez les revenus par pourcentage. Ça varie selon l’implication de chacun, par exemple des différences en temps de travail ou en investissement financier dans le matériel… Enfin, la façon dont chacun récupère ses revenus dépend des canaux où votre morceau est diffusé.

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