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Le sampling est une pratique qui a donné jour à de nombreux hits et pas seulement en rap auquel on l’associe : on pense entre mille autres tubes à That’s My People de NTM sorti en France en 1999, qui reprend du Frédéric Chopin (Préludes op.28 n° 4, années 1830) ou au sample un peu moins subtil par les Daft Punk du morceau Release the Beast du groupe Breakwater, pour créer Robot Rock en 2005.
Après avoir été largement décriée comme du « vol », la technique fait désormais partie d’un vocabulaire commun à tous les créateurs et passionnés de musique. C’est même un jeu pour les aguerris qui partagent leurs trouvailles sur whosampled.com et qu’on t’invite à creuser pour découvrir qui sample quoi.
Ici, on souhaite donner les clés nécessaires afin de sampler tranquille : en quoi ça consiste, ses origines et sous quelles conditions il est autorisé. Prêt ? 1-2-3 let’s jam !
On traduit le terme sample par « échantillon » et sa déclinaison sampling par « échantillonnage », c’est la création technologique d’une boucle musicale. Créer un sample revient à capturer un extrait sonore existant puis le remanier - par exemple, accélérer ou ralentir son rythme, changer d’instrument pour le jouer, le faire monter en aigu ou baisser en grave - de manière à se l’approprier avant de l’incorporer dans une nouvelle musique.
Il faut d’ailleurs ne pas confondre cette technique avec le replay (ou interpolation) qui consiste à rejouer certains passages existants en studio avec les mêmes machines et instruments de musique ni avec le beatmaking où on crée un instrumental dont le sample peut être un composant.
On peut simplifier avec deux principaux types de sampling :
Le terme sample se traduit par “échantillon” et en pratique le sampling consiste en la création technologique d’une boucle musicale à partir d’un son existant.
Côté technique, le sampling est d'abord une démonstration de débrouillardise, de bricolages sur bandes magnétiques et d’oreilles musicales hors-normes, avant d’évoluer avec les outils technologiques qui le permettent. On peut se donner comme repères la commercialisation des magnétophones dans les années 1940, l’apparition en 1963 du mellotron qui permet de jouer des sonorités en boucle, ou sa version moderne - la MPC.
Cependant l’histoire de la musique veut que la pratique émerge dans les années 70 des croisements culturels entre la Jamaïque et le quartier du Bronx (New York), où la population immigrée monte des murs d’enceintes de musique dans la rue pour y faire la fête. Au fil de ces blocks-parties le DJ Kool Herc invente le cut ou le break - passer d’un extrait de disque à celui d’un autre, en utilisant des boucles rythmiques comme transitions. Dans la même période, l’artiste Lee Perry mélange les parties instrumentales de morceaux existants avant d’y superposer son rap et des dialogues de films de kung-fu.
On date le premier sample commercial à 1979 quand The Sugarhill Gang sort Rapper’s Delight qui utilise des extraits de Good Times du groupe Chic. Il donne d’ailleurs lieu à une bataille juridique étant donné la large diffusion des deux titres et les intérêts financiers en jeu. S’opposeront ensuite de nombreux sampleurs et samplé, les uns défendant leur esprit créatif et les autres dénonçant une imposture artistique.
Malgré tout, le sampling comme méthode créative prend de l’essor et accompagne la montée en puissance du hip-hop dans les années 80 jusqu’à devenir monnaie courante.
Le sampling est caractéristique du hip-hop. La pratique émerge via les échanges culturels entre la Jamaïque et le quartier du Bronx de New York dans les années 70 pendant les block-parties alors que les DJs se mettent à jouer un bout de morceau puis un autre en breakant de vinyle en vinyle.
N’importe qui à le droit de sampler n’importe quoi, tant que la personne qui sample demande l’autorisation à celle qui possède les droits d’auteur sur le morceau samplé et que cette dernière donne son accord. Différents arrangements contractuels sont possibles, tu peux payer en une fois ou reverser des droits sur la diffusion de ton morceau, ça dépend de ce que l’auteur-compositeur ou les ayants droit de la musique samplée t’accordent. Ce processus est connu sous le nom de clearing ou clearance et si tu ne le respectes pas, tu risques au pire un procès comme c’est un délit et au mieux qu’on t’oblige à supprimer tes sons des plateformes de diffusion.
Il existe des moyens moins coûteux de sampler : utiliser des sons tombés dans le domaine public (dont les auteurs sont décédés il y a au moins 70 ans) ou disponibles sur des librairies de samples en ligne comme TrackLib et Splice. Il y aussi Creative Commons, qu’on abordera dans un article à paraître sur le blog et qu’on met donc de côté ici.
Tu as le droit de sampler n’importe quoi, tant que tu demandes l’autorisation à l’auteur-compositeur et/ou autres ayants droit auxquels tu empruntes le morceau original, avant de diffuser ta propre création. Cette autorisation peut prendre la forme d’un partage des droits d’auteur ou autre compensation financière de ta part.
Quand tu postes la musique dont tu es auteur-compositeur sur Splice et si tu es affilié à un Organisme de Gestion Collective qui s’occupe de tes droits d’auteur, tu dois le notifier que tu accordes une licence libre de droits à Splice et/ou TrackLib. Même chose quand tu as déjà accordé tes droits à un producteur, sauf qu’ici tu as besoin de son consentement écrit pour partager ton œuvre en ligne. Si tu ne partages tes droits avec personne, pas besoin de prévenir qui que ce soit.
La licence libre de droits implique que tu renonces à tes droits d’auteur patrimoniaux (qui englobent la rémunération sur la diffusion de ton œuvre) pour toujours, partout dans le monde et de façon irrévocable (tu ne peux pas changer d’avis). Pareil pour tes droits d’auteur moraux comme tu n’as pas non plus ton mot à dire sur la façon dont ta création sera utilisée. C’est une manière de définitivement clearer ton œuvre. En échange, Splice te verse une somme d’argent proportionnelle à la fréquence à laquelle tes audios sont téléchargés.
Chez TrackLib, il faut généralement être représenté par un producteur ou un éditeur pour partager ses créations et le contrat est donc signé entre l’entreprise et ces personnes, pas directement avec l’auteur-compositeur.
Le principe de Splice est le suivant : tu paies un abonnement mensuel (de $9,99 à $29,99) et en échange tu accèdes à des samples comme des boucles de piano ou de caisse claire, que tu peux travailler directement via ton compte pour créer ta musique, en invitant d’autres utilisateurs à collaborer si tu le souhaites.
Comme les samples sont libres de droits, tu peux les diffuser à ta guise, mais tu ne peux pas en prendre un tel quel sur Splice et tenter de le commercialiser ensuite, comme le principe de base est le partage d'échantillons gratuits. Assure-toi donc de suffisamment te réapproprier les sons, en les transformant et en les intégrant dans de nouvelles compositions, pour t’éviter des tracas juridiques, le plus commun étant le takedown. En résumé, tu n’as pas le droit de les diffuser tels que tu les trouves et le but du jeu est de stimuler ta créativité.
La plateforme fonctionne selon un système de crédits que tu cumules selon ton abonnement et que tu dépenses selon la durée et le nombre de samples que tu exploites. Aussi, plus tu payes, plus tu disposes d’outils d’éditions de musique (plug-ins) et de tutoriels en ligne.
Sur TrackLib tu paies également un abonnement mensuel pour accéder à une librairie, mais celle-ci est composée de morceaux entiers, pas de samples libres de droits. La logique est différente et on t’invite vraiment à créer toi-même des samples à partir de ces titres.
Pour cela, tu disposes d’un certain nombre de téléchargements (5 morceaux pour $5,99 ; 15 pour $19,99 et 35 pour $29,99) avec des plug-ins additionnels, qui te permettent par exemple de capter un bout de morceau afin de le transformer en boucle et de sauvegarder le tout dans ta propre collection en ligne.
Puisque la plupart des titres ne sont pas libres de droit, TrackLib offre un service de licences que tu achètes à l’unité, en plus de ton abonnement afin de faciliter la partie juridique. Pour faire court : tu cherches des morceaux sur TrackLib, tu trouves les bouts à bosser, tu télécharges, puis tu les samples et tu achètes une licence pour diffuser ton morceau. Cette licence définit le partage des droits d’auteur entre les ayants
droit et toi d’après le morceau et le nombre de secondes que tu exploites ($50, $100 ou $1500 sachant que 90% des titres qui composent la librairie coûtent $50).
Tu peux utiliser des librairies en ligne comme Splice ou Tracklib pour trouver des samples. Chaque service propose des offres différentes qui te permettent de créer en toute simplicité.
Sampler consiste à capturer un extrait sonore existant, à le remanier avant de l’incorporer dans une nouvelle composition. Tu as le droit de sampler n’importe quoi, tant que tu demandes l’autorisation à l’auteur-compositeur et/ou autres ayants droit auxquels tu empruntes le morceau original. Tu peux utiliser des librairies en ligne comme Splice ou Tracklib pour trouver des samples.