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En tant qu’artiste indépendant/e, il est essentiel de bien t’entourer si tu souhaites passer à l’étape supérieure et professionnaliser ton activité. Pour cela, il existe une infinité de métiers qui peuvent t’accompagner, mais à chaque partenariat son contrat et il est dans ton intérêt d’être sûr/e de ce que tu signes. Pour t’aider à mettre en marche ta route vers les étoiles, on te liste ici les différents contrats d’artiste, ainsi que leurs avantages et leurs inconvénients.
Il existe une infinité de contrats professionnels pour les artistes. Ici, on se concentre sur les 5 principaux types de contrats, avec qui tu les signes, quels droits tu cèdes, en échange de quoi.
Le contrat d’artiste officialise un partenariat entre l’artiste et un/e producteur/rice, une autre façon de désigner une maison de disques, un label. Souvent perçu comme le Saint-Graal, il est le plus engageant de tous parce qu’il peut regrouper tous les autres services qu'on décrit juste après. Cependant, il existe autant de contrats d’artiste que de carrières, tout dépend des clauses sur le papier.
Le métier de la maison de disques : financer tes enregistrements ou masters. Ce que tu lui cèdes en échange : la propriété de ces masters, donc tous les droits musicaux qui y sont rattachés. Côté paiement, tu partages tes royalties (liées aux droits voisins qui protègent ton master), sachant que la répartition la plus commune est de 15-20 % pour les artistes et 75-80 % pour le label. En plus, ton label te verse une avance pour vivre en attendant que tes projets sortent et un budget global divisé en postes de dépenses qui servent à commercialiser ta musique, acheter du matériel, tes tenues de scène…
La durée d’un contrat d’artiste est définie ou par le nombre de projets que tu t’engages à réaliser en collaboration avec ton label, ou par une période dans le temps, généralement 2-3 ans. Selon, tu ne peux pas signer avec un autre pour les mêmes projets ou le label a l’exclusivité sur la musique que tu crées pendant la période précisée.
Le contrat de distribution officialise le partenariat entre l’artiste et le distributeur, dont le métier est de diffuser les masters que tu lui confies, notamment auprès des disquaires pour vendre tes CDs et auprès des plateformes de streaming pour diffuser tes sons en ligne. En échange de ce service, tu lui cèdes donc tes droits voisins pour un certain nombre d’enregistrements, sur une période donnée et dans X territoires.
Il existe différents modèles de financement. De nombreuses applications fonctionnent comme DistroKid, où tu uploades tes sons pour qu’il les partage ensuite sur les sites de stream en échange d’un forfait mensuel où tu gardes 100 % de tes royalties liées aux droits voisins. D’autres prennent un pourcentage sur tes royalties.
Le contrat de licence est un mélange des contrats d'artiste et de distribution : il scelle un accord entre un/e artiste et un producteur qui est aussi distributeur, à propos d’un seul record. En général, ce contrat intervient après que l’artiste ait enregistré son projet musical et qu’il ou elle cherche un label pour promouvoir sa sortie et le diffuser.
Ici, tu touches plus d’argent qu’au sein d’un contrat d’artiste comme ton label intervient seulement après l’enregistrement. Donc tu gardes une plus grande part de tes royalties, généralement 30-40 %. Aussi, tu peux tout négocier, donc tu ne cèdes pas forcément la propriété de ton master en échange du service de distribution, mais tu peux splitter les revenus issus des streams et des ventes selon le succès de ta sortie. Souvent, ton label te verse un cachet, afin que tu puisses vivre en attendant que ton projet musical ne génère suffisamment de revenus.
Le contrat d’édition pose sur le papier la collaboration entre un/e artiste et un/e éditeur/rice dont l’expertise intervient juste après la création de la composition et/ou des paroles de tes titres. Son rôle est de trouver des collaborateurs/rices pour interpréter tes créations et des partenaires commerciaux comme des publicitaires et des curateurs de playlists Spotify pour les placer. Dans un contrat, tu lui cèdes tes droits d’auteur pour une seule œuvre.
Il y a 4 types de contrats d’édition dont on te donne les détails dans un article dédié : contrat de cession où tu donnes 100 % des droits d’auteur et partages les revenus issus de la vente de ta création ; contrat de coédition où tout est négocié ; contrat de sous-édition où tu délègues l’activité d’édition à quelqu’un d’autre, mais pour une durée et un territoire précis ; contrat de gestion où tu donnes tous les droits d’auteur, mais gardes environ 75 % des revenus générés par les ventes conclues par ton éditeur.
Enfin, il y a le contrat de préférence où tu donnes le droit exclusif à ton éditeur de gérer tes œuvres pendant une certaine durée ou un nombre de projets précis, souvent en échange d’une avance. Ce type de contrat intervient souvent au sein d’une collaboration artiste-éditeur qui fonctionne déjà bien, autant sur le plan humain que commercial.
Aussi appelé contrat de management, il s’agit du papier qui sacralise ta collaboration avec ton ou ta manager, qui généralement ne prend pas plus de 10 % de tes revenus. En tout cas, pas de droits à céder ici, seulement un arrangement financier et les contours de votre collaboration sont à définir, tous les cas de figure existent.
Il y a 5 grandes familles de contrat : le contrat d’artiste qui peut englober tous les services d’accompagnement imaginables entre un/e artiste et son label ; le contrat de distribution avec le distributeur qui gère le partage de ton master avec les plateformes de stream et la vente de tes disques ; le contrat de licence qui mélange services de distrib et de promotion entre un/e artiste qui a déjà son master et son label ; les contrats d’édition où tu portes juste ta casquette auteur-compositeur pour confier la diffusion de ton œuvre à un/e éditeur/rice ; et le contrat de management pour officialiser ta collab avec ton acolyte #1.
Finalement, tu peux te dire qu’il est possible de tout faire - financer ton enregistrement, le promouvoir, le diffuser via un distrib digital, le pousser sur des sites de licence en ligne - par toi-même. Tu n’as pas tort et c’est le cas de beaucoup d’artistes indé aujourd’hui. Ceci dit, tu peux finir par perdre en inspiration et le meilleur moyen de trouver un nouveau souffle est de partager ta vision artistique avec d’autres professionnel/les. Aussi, il peut être fatigant de s’atteler à toutes les tâches attribuables à la réussite d’un projet musical. Si tu délègues le marketing, la promotion, la distribution, la recherche de financements, etc, tu gardes de l’énergie et te dégages du temps pour ce que tu fais le mieux : créer.
Concrètement dans ce type de contrat à 360°, ton label élabore, exécute et finance toutes les étapes de ton projet, de la création à la distribution en passant par la promotion et les tournées. Il est notamment chargé des frais d’enregistrement, de la fabrication de tes disques, de la diffusion/édition de ton projet et éventuellement d’autres services comme la direction artistique. Si tu es en plein développement, il est intéressant de signer avec un label non seulement pour financer ton projet, mais aussi pour être accompagné et conseillé par des gens dont c’est le métier de faire grandir leurs clients.
Les (dés)avantages de ce contrat dépendent entièrement de ta situation financière, de la progression de ta carrière, du genre de musique que tu souhaites faire, des revenus que tu génères déjà (ou pas) avec ta musique, de ton ambition, du niveau de vie que tu recherches… On ne peut donc pas te donner de règle absolue.
Pour t’assurer que tu es bien traité/e, fais relire ton contrat à un/e professionnel/le du droit et demande à ton label sur quoi il va t’accompagner exactement. Par exemple, demande à ta ou ton directeur/rice artistique quels artistes elle ou il gère en plus de toi pour avoir une idée du genre de musique qu’elle ou il sait déjà travailler ainsi que de sa bande passante.
Ce qui compte, c’est que tu te sentes bien avec ton équipe, que tu aies déjà un entourage de confiance avant de signer (un manager et un beatmaker ou autre co-créateur/trice suffisent), ainsi qu’une vision de ce que tu souhaites faire pour bien la communiquer.
Dans ce type de contrat 360°, ton label élabore, exécute et finance toutes les étapes de ton projet. Il est intéressant pour financer ton projet et être aidé par des gens dont c’est le métier de faire grandir leurs clients. Pour t’assurer que tu ne prends pas de risque en signant, pas de règle absolue comme tout dépend de ta situation, mais sois déjà entouré/e avec une bonne vision de ce que tu veux faire avant de prendre un contrat, fais-le toujours relire par un/e pro et assure-toi que tu te sens bien avec l’équipe du label.
À toi de voir si tu souhaites également un partenaire qui financera la production et la distribution de disques. En tout cas, un distributeur digital te permet de sortir tes projets musicaux quand tu le souhaites, sur les plus grosses plateformes de streaming et à travers des centaines de pays. La question n’est donc pas de décider si tu peux t’en passer, mais de déterminer si tu peux te contenter d’un contrat basique ou si tu souhaites être accompagné/e sur des services complémentaires, avec un contrat de licence ou d'artiste. C’est à toi de voir !
Sinon, l’avantage d’un simple contrat de distribution est double : 1/ grâce à l’expertise du distributeur, tes tracks sont mises en ligne assez rapidement et 2/ tu gardes une certaine liberté sur tes créations artistiques (à condition de te plier aux normes des sites de streaming). Si tu veux creuser le sujet, on t’explique tout sur la distrib dans un autre article.
Tu ne peux pas te passer d’un contrat de distribution si tu veux diffuser ta musique sur les sites de streaming, c’est la base de toute carrière musicale publique. La question est plutôt de déterminer si tu peux te contenter de ce service ou si tu souhaites signer des contrats plus complets. En tout cas, avec un contrat de distrib basique : 1/ tes tracks sont mises en ligne assez rapidement et 2/ tu gardes une liberté artistique.
Comme tu auras déjà financé ton master avant de signer ce contrat à mi-chemin entre ceux de distrib et d’artiste, ton label t’accompagnera sur les parties promotion et marketing comme les concerts, la presse et les médias en ligne, la distribution, une expertise vidéo, des partenariats avec les réseaux sociaux et les éditeurs de playlists de plateformes de stream…
L'avantage est de préserver ton indépendance - ou de choisir un label dont le travail artistique te parlait particulièrement - lors de la création de ton master, puis de trouver chaussure à ton pied ailleurs, pour bénéficier de conseils pro au moment de le sortir et le promouvoir. En résumé, c’est un « contrat de distribution ++ » où on te conseille et t’accompagne sur ta stratégie marketing, sans forcément l’exécuter pour toi comme dans un contrat d’artiste.
Le contrat de licence est à mi-chemin entre ceux de distrib et d’artiste : il intervient plutôt une fois que tu as déjà ton master sous le bras et que tu cherches des pros pour t’aider à promouvoir sa sortie. L’idée est de garder ton indépendance le temps de créer ton master, ou d’avoir financé ton master avec un autre partenaire avant, puis de solliciter de l’aide.
Généralement, l’édition est l’étape qui intervient juste après la création d’un morceau. Le contrat d’édition peut donc être vu comme la première étape de professionnalisation d’un/e artiste.
Une fois que tu as donné naissance aux paroles et/ou la compo de ton titre, tu les confies à une entreprise d’édition qui les acquiert, administre, commercialise et promeut. L’objectif du partenariat : un maximum de visibilité pour ton œuvre.
L’avantage est que tu bénéficies de 3 ressources de ta maison d’édition pour démarrer plus vite : son réseau professionnel, ses finances et ses compétences de gestionnaire de droit d’auteur. Au-delà, elle sait également placer tes œuvres dans des produits audiovisuels (publicités, séries, films, jeux vidéo, playlists) et gère les droits de synchronisation qui en découlent.
Le rôle de ta maison d’édition est de donner un maximum de visibilité à ton titre et c’est LE partenaire qui gère tes droits d’auteur et de synchronisation, t’enlevant une épine administrative du pied. Comme le contrat d’édition concerne les auteurs-compositeurs et intervient juste après la création des paroles et/ou de la composition de ton œuvre, il est souvent la première étape de professionnalisation d’un/e artiste.
L’intérêt d’avoir un/e manager, c’est d’être accompagné/e par un/e pro dès que tu souhaites muscler ta carrière d’artiste. C’est la personne entre l’artiste et son label : ton ou ta manager a comme rôle de jouer les intermédiaires entre toi et toutes les autres personnes qui travaillent à l’élaboration et la promotion de ta musique. Il est donc vital de matcher à 100 % avec cette personne, elle te représente, te conseille et négocie tout pour toi. Il faut donc être sûr/e qu’elle te comprenne et que tu puisses lui faire confiance les yeux fermés.
Côté contrat, il n’y a pas de règle si ce n’est que les managers ne prennent en général pas plus de 10 % des revenus de leurs clients. L’important est de bien communiquer sur les contours de votre collaboration avant de la mettre sur le papier.
L’intérêt d’avoir un/e manager, c’est d’être accompagné/e par un/e pro dès que tu souhaites muscler ta carrière d’artiste. C’est la personne entre l’artiste et son label : il faut donc être sûr/e qu’elle te comprenne et que tu puisses lui faire confiance les yeux fermés. Pas de règle absolue côté contrat si ce n’est que les managers ne prennent en général pas plus de 10 % de tes revenus.
Pas de contrat à privilégier dans l’absolu, tout dépend de ta situation et tous les cas de figure sont possibles. Derrière chaque signature, il y a un partenariat et un accompagnement d'experts dont tu ne peux que bénéficier si tu choisis bien les gens avec qui tu bosses. Les seules règles : être 100 % à l’aise avec l’équipe avec laquelle tu signes, d’avoir un bon entourage à la base (au moins un/e manager et un/e autre musicien/ne), une vision artistique de ce que tu souhaites, puis de te protéger en faisant relire le contrat par un pro avant de signer.
Contrat d’artiste, de licence, de distrib ou encore d’édition : il y en a pour toutes les collaborations entre un/e artiste et son label ou sa maison d’édition. Avant de signer, assure-toi qu’il y a un accompagnement professionnel solide à la clé et zéro entourloupe juridique. Le mieux pour vérifier cela : déjà avoir un entourage pro de confiance composé à minima d’un/e manager et avoir une idée claire de la direction que tu souhaites prendre. Communique à fond avec tes éventuel/les futur/es collaborateur/rices en posant toutes tes questions.