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Les licences de synchronisation sont devenues non seulement l'une des principales sources de revenus pour les artistes indépendants, mais aussi un moyen pour progresser dans sa carrière et gagner de nouveaux fans. Si tu souhaites en bénéficier, tu peux mettre tes morceaux à dispo pour qu’ils soient utilisés dans des films, à la télévision, sur des publicités.
Pour mener ce projet à bien, on t’invite à découvrir comment et pourquoi la synchro en ligne existe, comment te lancer et les règles de rémunération. La dernière partie est dédiée aux artistes autoproduits. Prêt ? Let’s jam !
La synchronisation en ligne consiste à poser de la musique, avec ou sans paroles, sur des images comme des émissions de télévision, publicités, jeux vidéos, films, applications mobiles. Les pubs, films et jeux sont les médias les plus recherchés par les créateurs de musique comme ils sont les mieux rémunérés. La somme d’argent gagnée dépend de cela, mais aussi de la popularité du morceau et de son créateur ou interprète, du territoire concerné par la diffusion, ainsi que de la durée du contrat de synchro. Plus tu es connu, plus tu coûtes cher et plus tu es diffusé, plus tu gagnes de l’argent.
La synchronisation en ligne n’était pas particulièrement valorisée avant la chute de l’industrie du CD, elle est devenue depuis un moyen de compenser cette perte. Notamment grâce à l’explosion du volume des productions audiovisuelles et jeux vidéo, c’est une ressource qui prend de plus en plus de place dans les revenus des créateurs et il est donc important de s’intéresser à son fonctionnement et son cadre juridique pour maximiser ses opportunités de revenu.
La synchro en ligne, c’est poser sa musique sur des produits audiovisuels en échange d’argent. C’est une source de rémunération qui peut compenser la chute des revenus depuis la vente de produits physiques, ainsi qu’un moyen de te faire connaître et élargir ta fanbase.
Le droit de synchronisation désigne l’autorisation légale de combiner de la musique avec une œuvre audiovisuelle et s’applique généralement aux métiers d’éditeur. Il existe deux types d’éditeurs : les éditeurs musicaux qui travaillent aux côtés des auteurs-compositeurs et évoluent donc dans le cadre des droits d’auteur ; les éditeurs phonographiques qui bossent avec les maisons de disques/label/producteur et qui bénéficient des droits voisins (si tu as besoin d’une piqûre de rappel sur ces deux familles de droits musicaux, on te raconte tout ici).
Les deux éditeurs ont pour mission de gérer la synchronisation en ligne, un moyen parmi d’autres de commercialiser l’œuvre et qui consiste à la diffuser sur des supports audiovisuels comme des séries (en streaming ou à la télévision), des films (longs et courts métrages), des publicités, des jeux vidéos… Reste une différence simple : l’éditeur musical permet aux exploitants de créer leur propre version à partir de l’œuvre originale, alors que l’éditeur phonographique leur passe une version précise et déjà enregistrée.
En bref, l’éditeur musical commercialise les paroles et la partition d’une œuvre musicale, tandis que l’éditeur phonographique commercialise son enregistrement (master, recording).
La collaboration auteur-compositeur et éditeur est encadrée par un contrat de cession et d’édition musicale entre eux deux, qui formalise leur part respective de droits d’auteur si l’œuvre est effectivement exploitée. Les deux partis sont adhérents d’un Organisme de gestion collective des droits d’auteur (OGC) type Sacem pour bénéficier de leurs droits.
Le travail de l’éditeur phonographique est posé par des contrats de licences qu’il achète et signe auprès du producteur. Ce contrat peut être exclusif ou non exclusif, mais ses principes restent les mêmes : le prod confie le master à l’éditeur pour une durée limitée et ils se partagent les recettes de l’exploitation, obtenues par contrat quand l’éditeur trouve un client et via les droits voisins générés quand l’enregistrement est diffusé.
Pour toucher ces droits et les partager avec les éditeurs, les prods adhèrent à un OGC dédié à leur métier, comme la SPPF (Société Civile des Producteurs de Phonogrammes en France) qui rassemble les maisons de disques plutôt françaises et de petites tailles ou la SCPP (Société civile des producteurs phonographiques) qui représente les plus gros prod type major comme Universal et Warner.
Spoiler : si tu gères toi-même tes enregistrements, tu es ton propre producteur ! Tu es un artiste autoproduit et on te raconte comment gérer cette situation juste en dessous.
L’éditeur musical commercialise les paroles et la partition d’une œuvre musicale. Il partage les droits d’auteur avec l’auteur-compositeur via un contrat de cession et d’édition de musique. Pour toucher ces droits il faut adhérer à un OGC type Sacem. L’éditeur phonographique commercialise l’enregistrement d’une œuvre (master, recording) et touche des droits voisins via un contrat de licence. Pour toucher ces droits voisins il faut s’inscrire à un OGC dédié aux producteurs.
Il est devenu commun qu’un artiste gère lui-même ses enregistrements. Si c’est ton cas, tu es un artiste-interprète autoproduit. Potentiellement, tu as aussi créé la composition et/ou écrit les paroles de ton morceau. En ce cas, tu portes plusieurs casquettes et tu es également auteur-compositeur, donc tu bénéficies aussi de droits d’auteur.
Ici, on se concentre sur les dimensions interprétation et production, donc tes droits voisins. Pour toucher tes droits d’auteur côté synchro en ligne, ça se passe avec ton OGC.
On illustre avec notre équipe préférée, Super Groupe. 10 ans après avoir battu tous les records de stream avec leur premier album, ils souhaitent revenir en force. Pour marquer le coup, ils licencient leur producteur vieillissant Pascal et quittent leur label Juste Les Cousins dont le directeur s’est fait pincer par un hashtag #balancetonlabel. Bref, ils décident de s’autoproduire.
Problème à la sortie de leur album autoproduit : plus personne ne se souvient d’eux et leur comeback passe inaperçu. Pour compenser, ils décident de sortir une version 100% instrumentale de leur album dans l’espoir que plusieurs de leurs titres soient utilisés dans des productions audiovisuelles
Avant d’aller plus loin, on te rappelle qui fait partie de Super Groupe :
La répartition de leurs compétences confirme qu’ils sont tous artistes-interprètes et se partagent les droits voisins, même Amin encore présent sur le master sans paroles comme il est au clavier. Pour tenter la synchro en ligne, Super Groupe décide de partager le seul single de leur album autoproduit sur TuneCore Sync, un service d’administration de l’édition de musique qui permet à ses membres d’être diffusés en boutiques, sur des vidéos, dans des jeux…
Ils n’ont plus qu’à attendre d’être repérés par un annonceur. Ça arrive assez vite et aux côtés des équipes juridiques de la plateforme, ils négocient un contrat de licence pour être la bande-son d’une pub. Différentes variables entrent en jeu : le coût de la licence en elle-même qui dépend surtout de la notoriété de leur nom et de leur morceau, la qualité sonore et créative, le type de production (pub), le territoire (Europe), la durée du contrat (10 ans), le nombre de canaux de communication (stream en ligne, cinéma, tv).
Une fois que c’est signé, ils gagnent 100 euros à chaque fois que la publicité est diffusée. 10% reviennent à leur administrateur d’édition TuneCore Sync et ils se répartissent le reste également, c’est-à-dire €22,50 chacun. Comme ils sont bien inscrits à l’ADAMI, le plus gros OGC français qui gère les droits voisins des artistes-interprètes, ils gagnent 100% des droits musicaux qui leur reviennent via cette pub, c'est-à-dire leurs droits de synchro ET leurs droits voisins.
En parallèle, pour augmenter leurs chances et leurs revenus, ils mettent tout le projet instrumental sur Jamendo Catalog, un service de synchro Royalty-Free. Ce dernier fonctionne comme un site d’e-commerce : il vend des licences prédéfinies à des clients et l’artiste récupère un pourcentage sur ces ventes. Il n'a pas à se préoccuper d’éventuelles négociations et sait à l’avance ce qu’il va gagner, car les revenus ne varient pas selon le nombre de diffusions de la vidéo qui utilise le son. Il suffit donc à Super Groupe d’uploader leurs instrumentaux et de récupérer de l’argent à chaque fois qu’un titre est acheté.
Si tu es autoproduit, le principe est le même qu’entre un éditeur phonographique et un producteur, sauf que tu passes par un service d’édition et de synchro en ligne comme TuneCore Sync ou Royalty-Free comme Jamendo Catalog, auprès de qui tu touches tes droits voisins. Sinon, quand tu cumules les casquettes auteur-compositeur et interprète autoproduit, pense à adhérer à une OGC pour tes droits d’auteur afin de compléter les droits voisins versés par ton distrib.
La synchro en ligne, c’est posé sa musique sur des produits audiovisuels en échange d’argent. C’est un moyen efficace de se rémunérer qui peut compenser la chute des revenus côté vente de produits physiques et te faire connaître pour élargir ta fanbase. Si tu es autoproduit, tu peux confier ta musique à une plateforme spécialisée en synchro en ligne comme Jamendo Catalog. Le principe : tu lui donnes le droit d'émettre en ton nom des licences de synchro permettant à des tiers d'utiliser tes créations dans des projets audiovisuels et Jamendo récupère tes droits musicaux (voisins et auteur) pour te rémunérer.