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Quand sa carrière artistique démarre, on peut avoir en tête un cliché très binaire par rapport à l’argent qu’on peut y gagner, entre l’artiste méconnu/e qui on ne gagne pas un kopeck et l’habitué/e des top charts qui amasse des milles et des cents. Heureusement, il y a en réalité une multitude d’entre-deux où les artistes vivent grâce à leur musique. En commençant par t’expliquer ce que « gagner sa vie » signifie, on te liste ensuite les différents moyens d’y parvenir, en ligne et dans le monde physique.
Tout dépend des besoins et attentes de la personne concernée. À chacun son niveau de confort, mais on part ici du principe que « gagner sa vie » signifie que tu n’as pas besoin d’un travail complémentaire, en plus de créer de la musique, pour payer tes factures. Si tu as déjà du travail qui n’a rien à voir avec ton activité musicale, attention tout de même à ne pas tout lâcher d’un coup, mieux vaut y aller progressivement et avoir des économies avant de se lancer.
Notre seule certitude étant que tu ne pourras jamais en vivre sans être au courant des ressources à ta disposition, notre objectif ici est de t’informer des façons dont tu peux exploiter ta musique financièrement. Cette liste ne saurait être exhaustive, mais on espère qu’elle fera figure de guide pour orienter la gestion de ta carrière selon tes ambitions personnelles.
Autre chose à garder en tête au long de cette lecture : chaque moyen de générer des revenus doit appartenir à une stratégie globale que tu as réfléchie et mûrie. Il faut à tout prix éviter de te mettre à risque financièrement et de ne travailler que quand tu en as (grandement) besoin.
On part du principe que « gagner sa vie » signifie que tu n’as pas besoin de travailler au-delà de tes activités artistiques pour payer tes factures. Notre seule certitude : tu n’y parviendras pas sans être informé des façons dont tu peux exploiter ta musique financièrement, qu’on te liste ci-dessous. Chaque moyen de générer des revenus doit appartenir à une stratégie financière globale que tu as réfléchie et mûrie.
Quand tu passes par ton label ou ton distributeur digital pour diffuser ta musique sur les plateformes de streaming comme Spotify ou Deezer, tes morceaux streamés génèrent des droits d’auteur - que tu peux récupérer en tant qu’auteur-compositeur ou autrice-compositrice via une Entité de Gestion Indépendante comme Bridger ou un OGC comme la Sacem - et des droits voisins que tu peux récupérer, en tant qu’artiste-interprète et producteur/trice, auprès de ton label selon ton contrat, ou de ton distrib selon ses modalités d’inscription.
La somme représentée par ces droits - ou royalties - varie énormément d’une personne à l’autre. En tout cas le business model des plateformes de stream ressemble à celui de Spotify où le store garde 30% des revenus générés sur la plateforme , en donne 12-15% à l’Organisme de Gestion Collective ou l’Entité de Gestion Indépendante qui les redistribue auprès de ses adhérents, puis le reste aux distribs et aux labels d’après le pourcentage d’écoute que les artistes qu’ils représentent cumulent sur le territoire français. Ces derniers distribuent ensuite les revenus à leurs artistes selon les contrats signés avec eux.
Tu peux aussi solliciter le soutien financier des personnes qui écoutent tes titres. C’est une solution qui peut faire peur à celles et ceux qui n’aiment pas réclamer, mais elle peut être hyper efficace et permettre de construire une fanbase solide, dont tu te sens proche et avec laquelle tu peux échanger pour stimuler ta créativité. Surtout, il n’y a rien de « fou » là-dedans : quoi de plus normal de demander aux consommatrices et consommateurs de ton travail de te rémunérer ? S’ils aiment ce que tu fais, il y a même de fortes chances que ça leur fasse plaisir de te donner un billet.
Pour cela, il existe différents moyens et outils :
Dans la même lignée, mais avec plus d’interactions entre les artistes et leurs fans, il y a le D2C où l’artiste met en vente une prestation ou un produit auprès de son audience. Quel que soit l’outil que tu choisis, créer et t’entourer d’une communauté fidèle qui te soutient financièrement prend du temps, de la subtilité et de la persévérance.
Le principe est le même pour tous : il faut montrer à tes éventuels (micros) mécènes que tu as envie de leur livrer des contenus qui leur plaisent, de te rapprocher d’eux, que tu es reconnaissant/e de leur présence. Même si ça ne suffit pas à vivre, c’est un socle sur lequel tu peux te reposer pour promouvoir tous tes projets de musique et pour démontrer aux professionnel/les de l’industrie que tu as un fort potentiel de développement.
Tu peux créer un profil Bandcamp, uploader tes morceaux, les vendre sous forme de fichiers ou de disques, ainsi qu’y proposer du merchandising comme des tee-shirts, des mugs, ou n’importe quel objet qui te ressemble. L’avantage est que c’est une plateforme dédiée à la musique et où tu peux créer une relation avec tes abonné/es sur la longueur en mettant ton offre à jour quand tu le souhaites. Même principe sur Dify et sa plateforme dédiée au D2C où tu peux ouvrir une boutique afin de présenter ton projet et vendre tes produits.
Pour gagner des sous, tu peux mettre ton travail à disposition d’autres musicien/nes, notamment via des plateformes de sampling payantes comme Splice. Le principe du partage de sons sur des librairies en ligne : tu mets tes morceaux sur le site, d’autres artistes les reprennent, puis tu récupères de l’argent selon le contrat que tu as signé.
Les échos sont unanimes : la synchronisation en ligne - c’est-à-dire poser ta musique sur des produits audiovisuels, grâce à ta maison d’édition ou via un site comme TuneCore Sync ou Jamendo Licensing - est l’un des moyens les plus efficaces de gagner de l’argent. Le principe : négocier des contrats de licence pour diffuser ta musique sur des supports audiovisuels comme des séries (en streaming ou à la télévision), des films (longs et courts métrages), des publicités, des jeux vidéos, etc.
Les rendements dépendent du coût de la licence que tu vends ou que ta maison d’édition vend, de la qualité sonore et créative de ton titre, du type de production qui l’achète, pour quels territoires, canaux de communication et combien de temps. On t’explique tout en détail dans cet article.
5 façons principales de gagner de l’argent en ligne grâce à ta musique : le streaming et les royalties que ça génère (à récupérer auprès de ton distrib digital + de Bridger ou de ton OGC) + les dons de tes fans en échange de prestations ou de goodies avec Patreon ou du crowdfunding + le D2C avec Bandcamp, Dify ou des sites dédiés + vendre des licences pour permettre à d’autres artistes de sampler ta musique + la synchro en ligne pour diffuser ta musique sur des supports audiovisuels.
Hors-ligne, les concerts seraient le moyen le plus rentable de gagner sa vie en tant qu’artiste. Au-delà de l’apport financier, ils sont aussi importants, vitaux même, pour fidéliser son audience. Quelque part, la scène est l'aboutissement de ton travail artistique, où tu crées un lien tangible avec ton public et où tu partages une nouvelle facette de ta personnalité. En résumé, le live est stimulant.
Pour intégrer la programmation d’une salle de concert, mieux vaut passer par un booker. Ce rôle étant le dernier maillon de la chaîne de la promotion de ta musique, il sera plus facile à convaincre si tu a déjà un éditeur ou un label dans ton entourage pro.
Très important : toute prestation scénique doit être rémunérée et la loi prévoit un salaire minimum de 108 € bruts par personne sur scène pour les premières parties et de 157 € pour les têtes d’affiche. Ce cachet augmente selon ton contrat d’édition ou de label. Si tu cumules suffisamment d’heures de travail avec ces cachets, tu peux prétendre au statut d’intermittent du spectacle, autrement dit le graal pour établir ta sécurité financière tout en ayant le temps de créer.
En échange, le producteur du spectacle se rémunère 1/ sur les recettes de billetterie s’il finance le spectacle ; 2/ via le contrat signé avec le festival cas échéant. Souvent il prend 10-15 % des revenus de vente quand il fait jouer un/e artiste en développement (qui garde le reste) et beaucoup plus pour les plus gros artistes.
Tenté/e ? En région, tu peux te rapprocher des Salles de musique actuelle (SMA). Sinon tu peux te renseigner auprès d’agences de booking dédiées aux jeunes artistes comme YUMA Productions, Auguri, Furax, Bleu citron et Believe Live. Ceci dit, mieux vaut déléguer à ta maison d’édition ou ton label pour avoir toutes tes chances.
Il existe une multitude de tremplins pour les nouveaux artistes. Tous prévoient un accompagnement professionnel pour t’aider à te structurer tout autant au niveau juridique qu’en promotion, te permettent de t’entraîner à jouer sur scène ; de mûrir ton identité musicale et parfois de remporter une bourse pour une résidence artistique et/ou financer ta prochaine sortie. Comme il y en a pour tous les goûts, on te laisse consulter le recensement de tous les tremplins du moment sur le blog de Groover.
Les aides à la musique sont nombreuses en France, mais certaines étant réservées aux labels, on te conseille de créer le tien avant de chercher des subventions, pour gagner du temps en paperasse. La démarche peut paraître intimidante, mais finalement, il s’agit simplement de formaliser le fait que tu finances déjà par toi-même la création de ta musique !
Comme les subventions servent à financer tes projets artistiques sans que tu puisses t’en servir comme rémunération, elles permettent seulement de soulager ton portefeuille. On ne va donc pas dans le détail, mais on en profite tout de même pour te partager le site hyper pratique MonProjetMusique.fr qui regroupe toutes les bourses que tu peux aller chasser.
Entre événements d’entreprise, mariages et anniversaires, showcases, les demandes de live au sein d’événements privés sont nombreuses. Pour y accéder, tu peux te manifester en parlant à ton entourage et te rapprocher d’agences événementielles.
4 façons principales de gagner de l’argent grâce à ta musique hors-ligne : les concerts auxquels tu peux accéder dès que tu as signé avec un éditeur ou un label ; les tremplins dédiés aux jeunes artistes qui proposent une enveloppe à la clé ; les subventions et bourses proposées par des institutions spécialisées et dont tu peux trouver une liste exhaustive sur MonProjetMusique.fr ; les événements privés type showcases et séminaires d’entreprise.
« Gagner sa vie » en tant qu’artiste signifie que tu n’as pas besoin de travailler au-delà de tes activités musicales pour payer tes factures. Il existe de nombreuses façons d’y parvenir : diffuser tes titres sur les plateformes de streaming, échanger avec ton audience en ligne pour obtenir des dons et proposer des offres exclusives types merch et live, la synchronisation en ligne ou encore jouer à des événements privés (showcase)... L’important pour construire ta sérénité financière est de bien t’entourer professionnellement, de soigner ton image en ligne, de rester actif/ve créativement et d’intégrer à une stratégie globale organisée par mois, trimestre, année.